Il y a quelques temps, nous vous parlions d’un festival de films jeunes, le LYF, qui se déroulait à Lyon et, évidemment, nous vous invitions à y aller. Cet article s’adresse, évidemment, à toutes les personnes qui n’auraient, malheureusement, pas suivi cette invitation. Je ne veux pas ici tomber dans l’écueil de la critique dithyrambique, qui ne fait qu’enchaîner les compliments et autres logorrhées élogieuses. Ce festival n’est effectivement pas (encore) un « must-seen » à Lyon mais, face à la massive concurrence d’un Festival Lumière, il semble prendre le bon chemin pour s’imposer très nettement sur cette riche scène que sont les festivals de films et notamment de court-métrages. Je ne vais pas m’attarder plus que ça sur la très grande importance des différents festivals de court-métrages et leur rôle dans la vie du cinéma national et international, mieux vaut ici se focaliser sur le LYF. Le LYF, c’est justement un très bon exemple de la richesse et de la qualité de ce genre de festival. Ici, la logique de variété et de reconnaissance est poussée assez loin. L’on pouvait insister dans l’article de présentation sur la variété des court-métrages proposés mais c’est véritablement lors du festival que l’on peut se rendre compte de ce phénomène. Le choix de projeter des court-métrages de différentes catégories lors d’une même session renforce l’idée de variété mais donne surtout l’impression d’une richesse et d’une prolifération créative. Ces dites catégories permettent d’obtenir un mélange de différents genres mais aussi de différents niveaux de compétence, ce qui est vraiment très intéressant. La cérémonie de clôture est, en ce sens, l’exemple parfait de ce qu’est le LYF. Prenons d’abord les lauréats. Captain Adel, d’Ameer ALBASSRI, réalisateur irakien, obtient le LYF d’or et le meilleur scénario quand Fruitvolution, porté par un groupe de jeunes adolescents, obtient le prix du meilleur film lycéen et le prix de la meilleure animation. C’est là un des grands intérêts du LYF. On peut aller à une projection et voir à la fois un documentaire, un film d’animation, un court-métrage d’auteur et un travail de fin d’étude. Ainsi, les thèmes, les tons, les techniques, les parti-pris se croisent, se ressemblent et se distinguent.

Il faut noter que la variété des films proposés semble s’intégrer à une logique plus générale. En présentant un cinéma jeune, varié et riche, capable de s’exprimer sous différentes formes, sous différents langages et selon différentes approches, le LYF participe à soutenir sa légitimité et son importance. C’est là sans doute ce qu’il y a de plus satisfaisant dans ce festival. On y trouve une volonté d’exposition large du cinéma jeune, proposant un cadre pour faire vivre ce cinéma. Je pense souvent aux deux jeunes garçons venus de Moselle afin de représenter le groupe qui a réalisé Fruitvolution. C’est tout de même un beau moment de voir ces deux jeunes gens gagner deux prix, devant une salle du Comœdia remplie à craquer, dans le cadre d’un festival à la sélection internationale. Le LYF est donc surtout une belle structure, qui grandit et grandit bien. Avec cette année, le festival rentre vraiment dans une autre dimension, avec un travail complexe d’organisation de sélections, de pré-selections, de recherche de lieux de projection, de conférences et le soutien important de différents acteurs (la ville de Lyon notamment). Plus largement, le festival donne beaucoup l’image d’une jeunesse pleine d’initiative, fortement créative, capable d’une efficacité sérieuse et d’une forme de relaxation agréable. Il y avait par exemple un soir avec une conférence puis les projections des films en compétitions. La conférence, qui portait sur la manière dont les algorithmes influencent l’accès à la culture, était très sympathique, à la fois intéressante mais détendue. Puis, le premier film projeté était Khyt Nira de Nesrine BEN MAATI, un court-métrage sur la façon dont certains rites et certaines traditions sont tout simplement des actes de violences envers les femmes. Ce court-métrage cherchait donc surtout à sensibiliser et j’ai trouvé que le passage entre la conférence et ce film s’est fait naturellement, comme si le public et le cadre permettait une telle transition. J’ai pu aussi retrouver ce phénomène lors de la cérémonie de clôture, qui avait quand même un côté formel mais qui gardait toujours cette petite touche agréable, notamment lors de la remise d’un prix spécial (Le prix « Première Spectatrice ») à une spectatrice qui, depuis l’édition 2017, voit tous les films, prix qui fait d’elle une membre d’honneur de l’association du LYF.
À l’image de ce prix, le LYF semble beaucoup penser aux personnes qui viennent voir les films et c’est essentiel pour un festival. Ainsi, n’importe qui peut venir passer juste une fois voir les projections lors d’une soirée, tout simplement, ou, au contraire, profiter de tout ce que le festival propose. Finalement, le LYF est à la fois un cadre d’épanouissement du public mais aussi un point de rencontre cinématographique d’une jeunesse qui peut très bien débuter dans le domaine ou, au contraire, y être bien installée.

Afin d’être tout de même concret et de parler des lauréats, sans chercher non plus à en livrer une critique approfondie, on pourra évidemment signaler le LYF d’Or, Captain Adel, qui exploite le principe de huis-clos en y apposant la puissance imaginaire d’un enfant fan de Olive et Tom (Captain Majid en Irak) qui ne peut pas regarder son dessin-animé. Il y a ainsi quelque chose de très enfantin dans la situation mais aussi d’assez dure, porté surtout par la réalisation.
Fruitvolution, dont je parle à plusieurs reprises dans l’article, est un film d’animation qui, comme son titre l’indique, nous fait voir une révolution de fruits et légumes contre un affreux cuisiner végétarien, qui y perdra sa langue. Le court-métrage propose une tonalité « auteur » formellement, à travers le traitement des bruitages et, plus largement, sa réalisation irréprochable. L’animation est techniquement réussie et elle donne lieu à de très bonnes idées esthétiques, ce qui rend le tout plutôt impressionnant.
On signalera enfin, actualité veut, le Prix du public, No Rhapsody de Kevin Delobelle, dans lequel une jeune réalisatrice découvre avec effroi qu’elle vit dans un monde alternatif où Queen n’a jamais existé. Son objectif est donc de (re)créer et faire (re)vivre le groupe, qui s’appellera ici King. Le film est un magnifique hommage au groupe, à son histoire et à Freddie Mercury plus particulièrement. On comprend surtout le choix du public en vu de l’énergie et la dimension spectaculaire du film, qui détourne le format documentaire pour lui insuffler quelque chose entre l’absurde et le burlesque. On n’échappe évidemment pas aux grands tubes de Queen, qui se verront retravaillés et remixés, ce qui est loin d’être déplaisant et demeure surtout très bien intégré dans la cohérence de l’ensemble du film.
Pour avoir la liste de tous les prix, c’est juste là :
Crédits : Madiha Yaqouti; Dorian Besson
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