Hellfest 2022 – Bilan

Suite à l’annulation forcée des éditions 2020 et 2021, le Hellfest a vu les choses en grand pour cette 15e édition en 2022 : 362 groupes étalés sur 7 jours répartis sur deux weekends. Bilan de cette édition en tout point exceptionnelle au fil des concerts qui nous ont le plus marqués. Suivez la liste en écoutant la playlist qui va avec !

Arrivée en enfer

A.A. Williams – Quasi-ovni dans cette programmation métallique, cette artiste dont le premier EP est sorti en 2019 propose une pop teintée de post-rock (ou serait-ce l’inverse ?) aux tonalités moroses fort compatibles avec le public, qui a répondu présent au milieu de l’après-midi, loin du pic d’affluence de la soirée. Elle s’est également jointe à MONO and the Jo Quail Quartet la semaine précédant son propre concert, pour un des meilleurs shows de tout le festival. À suivre de très, très près – et, ça tombe bien, nous avons eu la chance de pouvoir échanger avec elle !

Baroness – Après un show acoustique imprévu mais remarqué en 2018, on pouvait s’attendre à ce que les sludgeurs de Baroness, plutôt amateurs de sonorités denses et hautes en décibels, reviennent bien décidés à compenser cette accalmie. Et en effet, c’est à un show absolument survolté que nous avons assisté, reçu par une foule particulièrement enthousiaste, au point de continuer à chanter un solo de guitare après la fin du concert, faisant revenir les musiciens pour un dernier salut sous un tonnerre d’applaudissements.

Bloody Beetroots – L’annonce du duo de musique électronique italien au Hellfest a suscité une légère incompréhension chez certains festivaliers… Pourtant leur passage à la Valley était certainement la meilleure manière de terminer sa soirée après le déluge du vendredi soir. C’était l’occasion de danser un peu tout en dégustant des drops revisités façon Hellfest !

Converge – Si les coreux de Salem, Massachussetts nous ont habitués depuis trente ans à un assaut sonique effréné en live comme en studio, ce concert bien particulier les voyait participer avec l’artiste Chelsea Wolfe et nous présenter des morceaux plus lents et contemplatifs sans renoncer à un gramme d’intensité. Transe méditative garantie – et en deux fois moins de temps qu’il n’en faut pour dire « Sweet Child O’ Mine » !

L’entrée de la Warzone, scène essentiellement dédiée au punk et au hardcore.
Crédit photo : Pascal Félicité

Hangman’s Chair – Peut-être le concert le plus écrasant du festival (ce qui relève de l’exploit quand on partage l’affiche avec Godflesh et Electric Wizard), du fait de l’ambiance de dimanche sale et pluvieux que dégage la musique de ces Essonniens et de l’effet « cent tonnes de briques » de leur mix live remarquable, où chant plaintif et guitares saturées surnagent sur un océan de basse, perforé implacablement par la grosse caisse et la caisse claire. On appelle ça du « stoner » parce que ça donne l’impression de se prendre des cailloux dans la gueule, c’est ça ?

Metallica – Réclamé depuis les débuts du festival, on a longtemps cru que le groupe de metal au plus grand nombre d’albums vendus était un monstre sacré qui ne foulerait jamais la pelouse du Hellfest, mais ils ont fait taire les sceptiques en clôturant en beauté cette édition anniversaire – c’est même pour pouvoir les accueillir que l’organisation du festival a décidé que le deuxième weekend compterait quatre jours au lieu de trois. Quand les membres d’un groupe passent du statut de rockeurs transgressifs à celui d’icônes mondiales, le risque est d’oublier ce qui leur a permis d’arriver au firmament. Mais il faut bien avouer que parfois, s’ils sont considérés comme les maîtres incontestables du show live qui décoiffe, c’est qu’il y a une raison – et les quatre Californiens nous l’ont encore prouvé ce dimanche.

Mono and the Jo Quail Quartet – Il était à craindre que les tonitruants Sepultura, depuis la tente d’à côté, n’empiètent sur les passages les plus éthérés de la musique instrumentale des esthètes japonais. Fort heureusement, ces derniers (et les ingés son !) ont réussi le tour de force de transformer malgré cela la Valley en sanctuaire pour les pauvres âmes aux tympans percés… Pour mieux les achever en empilant peu à peu des couches instrumentales, construisant une cacophonie parfaitement maîtrisée et compréhensible seulement de qui a pu suivre son assemblage depuis le début – mais pour ces happy few, quel bonheur.

La fontaine de sang qui hante l’espace presse.

Nine Inch Nails – Trent Reznor : en voilà un qu’on ne pensait pas forcément voir un jour au Hellfest, surtout depuis qu’il se concentre sur les (excellentes) BO de films qu’il compose avec son compère Atticus Ross. Mais force est de constater que si le roi de l’indus contraste nettement des Judas Priest et autres Scorpions sur la Main Stage 1, il y est plus que légitime, et la foule ne s’y est pas trompé malgré une météo particulièrement désagréable en ce vendredi soir – à la hauteur du show punitif que nous ont infligé Reznor et ses hommes.

Portrayal of Guilt – Il fallait se lever de bonne heure pour voir les jeunes texans mais leur concoction de post-black promettait un réveil de qualité ! Avec un set d’une quarantaine de minutes, Potrayal of Guilt a clairement fait ses preuves sur scène et fait partie de ces quelques découvertes à suivre pour lesquelles ça vaut le coup de se lever.

Sólstafir – Chant écorché, nappes de guitares déchirées : à première vue, la musique de Sólstafir n’est pas à mettre à la portée de toutes les oreilles. Et quelle erreur ce serait !  Placez-vous devant la régie, fermez les yeux, et laissez-vous emporter par les mélodies magnifiquement mélancoliques, souvent glaciales, voire carrément tourmentées, rugueuses mais jamais brutales des quatre Islandais. En tout cas, nous, c’est ce qu’on a fait, et on ne regrette pas.

Touché Amoré – Les californiens ont été bien reçus à la Warzone pour leur première apparition au Hellfest ! Leur mélange minutieusement dosé de mélodies entraînantes, paroles intimistes et envolées brutales a su créer un sentiment de connexion au sein du public. C’est d’ailleurs ça leur force : être à la fois sensibles et hardcore, exprimer des sentiments personnels tout en criant la douleur qu’ils ont pu provoquer. On vous recommande de profiter de leur tournée européenne tant qu’il reste de la voix à leur adorable leader Jeremy Bolm.

La statue de Lemmy Kilmister, meneur de Mötörhead et « saint patron » du Hellfest, réalisée par Caroline Brisset pour remplacer la précédente, abîmée par les éléments.

Mention « classico » : Gojira, bien qu’on commence à avoir l’habitude, nous a encore une fois gratifiés d’une claque absolument monumentale, avec une production de plus en plus élaborée mais sans sortir de la sobriété qui les caractérise. Chi-rur-gi-caux.

On a aussi aimé : Alcest, Bring Me The Horizon, Fractal Universe, Maximum the Hormone, Me And That Man, Molybaron, l’Opium du Peuple, Pelican, Perturbator, Sortilège.

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