Alors que la grande fête prévue pour la 15ème édition du Hellfest se prépare déjà, retour sur le cru 2019 de notre plongée aux enfers préférée.
L’annulation à la dernière minute de Manowar, tête d’affiche du vendredi soir et groupe important de l’histoire du heavy metal, ne semble pas avoir grandement affecté la bonne humeur des festivaliers. Par chance, Sabaton était encore dans les parages après avoir joué au Knot Fest, festival organisé par le groupe Slipknot, qui avait eu lieu sur le site de Clisson le jeudi soir. Pas plus de deux heures après cette mauvaise surprise, l’organisation du Hellfest annonçait déjà que le groupe de power metal suédois jouerait à leur place. Si les fans de Manowar ont certainement eu l’impression d’avoir perdu au change, d’autant plus que le chanteur de Sabaton a perdu sa voix en début de concert, laissant ses musiciens prendre le relais, cette adaptabilité du Hellfest vis-à-vis de la programmation témoigne bien de sa stabilité actuelle.

Parler du Hellfest comme du nouveau « Disneyland pour adultes » est devenu plutôt commun et Ben Barbaud, directeur du festival, en est bien conscient. L’organisation et l’infrastructure du Hellfest est devenue telle que le festival n’est absolument plus dépendant de sa programmation. Si certains des festivaliers de longue date reprochent au festival d’être devenu commercial ou d’avoir perdu la dimension underground et thrash qui le caractérisait durant ses premières éditions, on peut néanmoins s’interroger sur cette condition nouvelle du Hellfest. On peut difficilement en vouloir à Ben Barbaud de reconnaître publiquement que la programmation n’est plus le moteur central du Hellfest pour différentes raisons.

D’abord, c’est un fait, aujourd’hui le festival attire surtout pour son atmosphère et son ambiance dont le bouche-à-oreille est le meilleur messager. Cela dit, c’est aussi que le métal est un genre musical qui peine à renouveler ses têtes d’affiches et qu’après quatorze éditions comptant parfois presque deux-cents artistes, il deviendrait difficile pour n’importe quel festival de métal de surprendre ses festivaliers. Tous les grands noms du métal et du hard rock, à l’exception d’AC/DC et de Metallica, sont déjà passés par le Hellfest et, victime de son succès, ce dernier se trouve contraint de trouver d’autres moyens que la multiplication des têtes d’affiches pour rendre sa programmation attractive. Certaines des « journées à thème » proposées par le festival ont connu un franc succès auprès des festivaliers, cette année par exemple la journée du vendredi regroupaient les grands noms du métal français contemporain : Gojira, Mass Hysteria, No One Is Innocent et Ultra Vomit.



Les festivals généralistes l’ont bien compris, la tendance actuelle est davantage aux musiques urbaines et électroniques dont l’industrie génère de façon quasi hebdomadaire une nouvelle « star » capable de faire vendre bon nombre de billets. Un festival comme les Eurockéennes de Belfort, autrefois axé sur la musique rock, comme l’indique son nom, s’est très largement réorienté vers les musiques populaires actuellement : en 2017, le festival fait de Booba sa tête d’affiche. Les plus durs d’entre vous peuvent en vouloir au Hellfest d’être devenu l’énorme machine qu’il est aujourd’hui, pour autant il reste l’un des résistants parmi les festivals spécialisés dans un seul genre musical et a le mérite de donner chaque année un peu plus de visibilité à l’industrie du rock et du métal. Voici nos coups de cœur de cette quatorzième édition du Hellfest :
Sous le chapiteau de la Valley, j’ai eu le désir de voyager et un après-midi ensoleillé, The Ocean m’a embarqué. Les berlinois nous ont proposé un concert fort, entre rage et mélancolie.
Si votre programme décrit peut-être Allegaeon comme du « Metal technique » et que vous avez peur d’avoir l’air bête en essayant de prononcer leur nom, n’ayez crainte, ces gars-là sont funs ! En mélangeant le metal technique au mélodique tout en dégageant une sacrée force scénique, Allegaeon rejoint nos concerts coup de cœur.
Cult of Luna a réussi à créer un véritable univers autour de sa musique et comme il n’est plus si facile de les voir en concert, on a sauté sur l’occasion.
Ils se sont faits connaître en faisant la première partie de Rammstein en 2009, et ça se sent ! Combichrist ont fait taper du pied les festivaliers, bonne énergie.
Le meilleur pour la fin, il n’existait pas de meilleure alternative pour conclure cette quatorzième édition du Hellfest. Loin de la dynamique proposée par Kiss, les membres de Tool se sont quasiment effacés sur scène au profit de leur musique et des vidéos projetées. Un véritable voyage qui n’a fait que renforcer notre engouement pour leur nouvel album, tant attendu, puisque les fans de Tool ont dû attendre treize longues années avant qu’une date soit annoncée (sortie prévue le 30 août).