NAPALM DEATH : inépuisables

Napalm Death, l’un des premiers groupes de grindcore britannique, créé en 1981 est inépuisable. Après quinze albums studio, le groupe nous annonçait sur Facebook le 15 octobre 2019, un nouvel album.

Quel est le secret de Napalm Death ? C’est simple, il n’y a plus aucun membre original. En effet, depuis 1981, environ 20 musiciens se sont passé le relais. Aujourd’hui, Shane Embury (basse), Barney Greenway (chant), Mitch Harris (guitare et chœurs) et Danny Herrera (batterie), se partagent la scène. Le groupe enchaîne les tournées et séduit un nouveau public : les jeunes, sans pour autant perdre leur habituels fans. Visiblement, le changement de line-up ne déçoit pas, ou du moins peu.

Le 7 février 2020, toujours sur Facebook, les britanniques nous annonçaient la sortie de leur dernier EP Logic Ravaged by Brute Force. Déception. Je m’attendais à un album, comme annoncé en octobre, mais je n’avais que deux morceaux pour combler mon appétit. « C’est mieux que rien », me suis-je dit. L’EP est donc constitué d’une nouvelle musique « Logic Ravaged by Brute Force » et d’une reprise de Sonic Youth « White Kross ». Concernant la reprise, Napalm Death a su voir le potentiel dans la composition des américains datant de 1987 et c’est un morceau très réussi, à leur image: rapidité, hurlements, énergie. Ce n’est pas la première fois que le groupe nous surprend avec de si bonnes reprises, on peut par exemple penser à « Nazi Punks Fuck Off », originellement interprétée par les Dead Kennedys. Quant à leur morceau original, il ne m’a pas directement séduit : la voix est différente et s’apparente plus à du post-punk qu’à du grindcore selon moi. La voix est grave, un peu étouffée et non criée et distordue, on pourrait presque comprendre les paroles. Mais il n’en reste pas moins qualitatif.

La sortie de cet EP tombait à pic : le groupe entamait une tournée (Campaign for Musical Destruction tour) le même jour en compagnie de quatre autres groupes, Bat (heavy metal), Rotten Sound (grindcore), Misery Index (deathgrind) ainsi qu’Eyehategod (sludge). Un superbe plateau de 27 dates européennes sur un mois. Par chance, le plateau passait par Lyon, le 27 février. Le Ninkasi Gerland s’était porté volontaire pour accueillir cette soirée qui s’annonçait plus que violente.

Premières parties

Bat

Bat avait la lourde charge de chauffer la salle qui était à ce moment plutôt vide, je dois bien l’avouer. Dommage pour les retardataires, mais Bat est un groupe à ne pas rater. Le heavy metal de Bat nous a fait hocher la tête avec ses influences thrash, et pour cause, deux membres (sur trois) du groupe Municipal Waste étaient présents sur scène. Pour les avoir vu jouer du thrash metal entraînant à demi-saouls sur scène, le heavy leur va plutôt bien. Remerciant le public d’être présent à de nombreuses reprises, le groupe s’est donné à fond pour faire monter l’ambiance dans la salle Kao du Ninkasi. Malheureusement, peu de monde était au rendez-vous à cette heure, 18h30, trop tôt pour les fans de grindocre ? Personnellement je me suis laissée emporter par les riffs électriques de Bat, et par leur plaisir de jouer sur scène. C’était agréable à voir et à entendre. J’en aurais bien demandé plus. Pour avoir parlé avec les membres à la sortie du concert, je peux dire qu’ils étaient heureux de jouer à Lyon et qu’ils reviendront avec plaisir dans la ville lumière.

Rotten Sound

Avec Rotten Sound, le grindcore commençait, et la salle se remplissait (ce qui faisait plaisir à voir). Les Finlandais étaient en forme, très énergiques. Avec leur chant crié, voire même saturé, le groupe était là pour nous dire que ce soir-là, la violence allait frapper nos tympans de plein fouet. La tournée ne s’appelle pas Campaign for Musical Destruction pour rien. Heureux d’être sur scène, le groupe nous a invité à nous rapprocher à plusieurs reprises ainsi qu’à nous lâcher, c’était à la musique de nous contrôler. Les adeptes du grindcore étaient servis, et ça ne faisait que commencer.

Misery Index

Les américains nous offrent leur grindcore un peu plus mélodique que celui de Rotten Sound. En effet, leur côté death metal adoucit un peu ce qu’est le grindcore, et ça fait du bien. Solos de guitare, chant crié, rapidité et violence, telle est la recette de Misery Index. Recette plutôt fructueuse, car le public était déterminé et en quelques accords, la fosse s’est ouverte et des coups se perdaient entre les notes. C’était parti : la violence s’était bien installée. « Faîtes attention, ça va cogner ».

Eyehategod

Si le grindcore a un côté plutôt « crade et neuneu », le sludge d’Eyehategod n’en est pas plus différent. Un son stoner quelque peu saccagé et une voix bien saturée, ça promettait. Le chanteur est arrivé sur scène en titubant, bouteille d’alcool à la main. Le show a commencé après qu’il ait vidé ses narines sur scène, et à ce moment je vous avoue que mon idée de me mettre au premier rang, juste en face de lui, n’était pas des meilleures. Outre ces quelques soucis (habituels pour le groupe), l’ambiance était au rendez-vous. Eyehategod, c’est planant et d’autant plus en live. C’était une pause dans la violence autant musicale que physique des autres groupes, la mi-temps avant le tsunami Napalm Death. Malgré le fait que la musique ne s’y prête pas forcément, quelques personnes s’excitaient dans la fosse et collaient le premier rang à la scène (plus près que jamais du liquide sorti tout droit du nez de Mikie Williams…). Quelques courageux ont même escaladé la scène afin de se faire porter par le public, tout en se faisant emporter par la musique.

Eyehategod a eu du succès, le public était conquis même s’ils étaient sceptiques avant les premiers riffs : « Qu’est-ce qu’Eyehategod fait sur la tournée ? » « Pourquoi ce n’est pas Rotten Sound qui joue avant Napalm ? », etc. Mais à la fin du concert, plus aucune interrogation, leurs tympans ont été satisfaits.

Napalm Death

Pour terminer, le moment le plus attendu de la soirée : les légendes du grindcore, Napalm Death. C’est sous une foule en délire que le groupe est entré sur scène, applaudissements et cris, de quoi annoncer le déroulement du concert.

L’infatigable Barney Greenway débordait d’énergie, sauts, sprints, mouvements amples à ne plus en finir. Et son énergie était communicative, le public ne s’est pas arrêté, une fosse en mouvement pendant une heure. Une setlist de 22 morceaux sur laquelle figuraient anciens morceaux comme nouveaux, musiques de deux secondes ou de trois minutes, reprises, il y en avait pour tous les goûts. Et lorsque c’était le moment de Logic Ravaged by Brute Force, satisfaction. Le morceau qui avait du mal à satisfaire mes oreilles lors de l’écoute studio m’a totalement séduit et leur reprise de Sonic Youth, qui clôturait le set a fait l’unanimité, tout le monde était conquis par le renouveau de Napalm Death. Et le plus important : ce n’est que le début ! En effet, comme annoncé sur Facebook, c’est bel et bien un album qui est en préparation, l’EP n’est qu’un avant-goût, pas encore de date de prévue, mais selon le groupe, les prochains morceaux sortiraient d’ici l’été ! Voilà de quoi satisfaire nos cœurs !

Le public était déchaîné ce soir là au Ninkasi, stage dives, pogos, sourires. Que de plaisir de (re)voir Napalm Death. J’ai même aperçu quelques larmes de joies sur les joues de certains spectateurs. Ils ont donc réussi : le public était satisfait.

À plusieurs reprises, Barney nous a parlé d’unité, de sexisme et de respect, de beaux discours. Des paroles qui font toujours plaisir à entendre, surtout dans les conditions actuelles. Ce serait d’ailleurs agréable si le public appliquait les conseils présents dans ce genre de discours. Et je souhaiterai terminer cet article en vous rappelant d’être respectueux envers les autres lors des concerts et même dans votre vie de tous les jours. En effet, il n’est jamais agréable de retrouver quelques mains baladeuses sur son corps, ou d’avoir quelques crachats dans les cheveux. Ce sont des consignes qui ne devraient même pas être rappelées. N’oubliez pas qu’un concert est un endroit où l’on va pour s’amuser et que ce moment peut vite être gâché à cause de ce genre de désagrément, et c’est ce qui m’est arrivé le soir de ce concert. Merci de prendre soin des autres, et de vous-même.

Crédits photos : Napalm Death, Marianne Pedrono

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