Rencontre avec SAS

Rencontre avec le collectif lyonnais « SAS », pour leur lancement ce vendredi 14 février aux Halles du Faubourg

Et si on faisait des soirées club autrement ? C’est autour de cette idée qu’Antoine, Clara, Fanny et Pierre ont monté SAS. Programmation émergente, safe-space, décloisonnement, repas mêlant artistes, public et orga : forcément, j’avais des questions à leur poser.

Pourquoi « SAS » ?

C : C’est venu lorsqu’on parlait des valeurs que l’on voulait porter, je crois que le terme même « SAS » a été utilisé : Antoine a évoqué un « sas de décompression » – à la fois physique et mental, le sas c’est un lieu transitoire, un peu hors du temps et de l’espace. On s’est tous très vite mis d’accord sur cette volonté.
A : On aimait bien l’idée d’un lieu non-défini.

Quelles valeurs vous portez avec ce collectif ?

F : Au niveau de la programmation, le but c’est de diffuser la musique de la manière la plus large possible.
A : Avec une ligne directrice suivie en fonction des soirées.
F : C’est aussi d’insérer d’autres formes de performances visuelles, qui permettent de sortir des interactions classiques des soirées en club.
A : De s’axer sur les performances live, avec au moins deux par soirée.
F : Et que les artistes se retrouvent dans le concept des soirées.

Vous mettez en avant une volonté d’accessibilité et de décloisonnement entre public, artistes et orga dans votre présentation. Vous pouvez m’en dire plus ?

C : On voulait déstructurer le mode de fonctionnement des soirées club telles qu’on les a vécues, sortir de l’aspect élitiste et la hiérarchie verticale qu’il peut y avoir, avec notamment le carré VIP, les listes des artistes, etc. Ici, on veut qu’orga, artistes et public partagent la soirée. C’est pour ça qu’on a créé un temps d’échange ouvert avec un repas pour lancer la soirée, pour que tous puissent échanger ensemble.
F : Le schéma basique d’une soirée en club, c’est les organisateurs qui emmènent les artistes manger au resto, les artistes qui jouent puis rentrent dans leur loge, sans interaction autre avec le public en dehors du live.
A : On veut mettre des outils à disposition des gens, créer un temps de discussion, entre le public et nous, et des artistes qu’on apprécie et qui partagent les valeurs qu’on défend, qui n’ont pas forcément le rayonnement qu’ils devraient avoir.
F : Et pas de loges, pas de listes pour les artistes.
A : Pas de backstage.
P : L’idée de ce format c’est vraiment que tout le monde soit logé à la même enseigne.
C : Que tout le monde puisse en profiter de la même manière, qu’on vive tou·te·s la soirée ensemble ensuite.
P : Et booker des gens qui nous intéressent, que le public puisse aussi nous proposer des artistes lors des échanges.

C’est quoi justement ce repas ?

A : C’est un menu unique, avec option végétalienne, qui convient à tout le monde. Le repas c’est l’occasion de passer un bon moment avec les autres, de proposer un temps d’échange en dehors de la teuf, du before ou de l’after. Proposer de venir plus tôt ça permet d’éviter qu’ils n’y ait que des échanges à la volée pendant la soirée.

Vous parlez aussi de safe-space dans votre présentation…

F : On est tous assez sensibles aux rapports humains qu’il y a dans les soirées, on a tous assisté à des abus ou des gestes déplacés. En amont on propose à chacun·e de lire un petit manifeste, de faire de la prévention pour que chacun·e soit responsable de ce qu’iel fait et de ce qu’iel voit. C’est une manière de sensibiliser et de responsabiliser les gens : avant d’écouter de la bonne musique, le plus important c’est que chacun·e profite de la soirée.
C : C’est un peu comme recevoir des potes chez toi : tu fais tout pour qu’iels passent un bon moment, mais t’attends la même d’elleux. On veut le même type d’échange, c’est ce qui manque souvent en soirée.
F : Ça se décloisonne beaucoup avec les soirées queer ou drag, mais c’est vrai que le milieu du club électro reste un milieu très hétéronormé, très blanc et surtout masculin. On a l’envie d’un vrai safe-space pour les personnes qui sortent de cette hétéronormativité masculine en club, qu’on puisse tou·te·s se mélanger.
A : Pour autant on a conscience d’être des petits blancs de classe moyenne, on ne porte pas les causes des autres mais on veut essayer de créer quelque chose qui ne soit pas exclusif. On sait aussi qu’une charte seule ne suffit pas et que la prévention n’est que le premier pas.
F : La scène musicale aussi est très hétéronormée et peu accessible, avec beaucoup d’invisibilisation…
A : Et je pense qu’on a tous un peu marre de la culture de l’entre-soi.

Pour la technique, comment vous vous débrouillez ?

A : C’est tout du do it yourself. On fait un peu un boulot d’urgentiste.
F : C’est beaucoup de bricolage et d’ingénierie avec les outils sur place, d’inventivité. L’équipe des Halles va nous assister, avec Pierre qui s’occupe de la régie.
A : On essaie de faire avec ce qu’on a, sans avoir à débloquer des moyens financiers énormes.
C : Ça a aussi été le jeu avec la création de l’identité visuelle, avec le fait-main, le DIY. C’est des collages à partir de matériaux pré-existants, qui ne sont pas numériques, en one-shot.
La soirée va nous permettre aussi de dresser un bilan, c’est important pour nous de faire de la récup’, avec les moyens du bord, de se les réapproprier.
P : Le but c’est que le spectateur soit immergé grâce à une qualité d’écoute assez cool.

Et si on parlait du line-up ?
(dans l’ordre : luxxuryproblems, Organizatsya, GAET303, Basic et ANI DJ x Lil Morris)

A : GAET303 c’est chez Emile Records, c’est lyonnais.
F : Organizatsya aussi. Avec un son très New age, Synth Pop, Soft Rock.
C : Basic c’est de la bass music éclectique.
A : On ne veut pas se poser en prescripteurs, tout en ayant un line-up émergent comme critère de sélection. On fait pas un line-up pour faire des entrées
C : Sans à l’inverse à tout prix chercher la nouveauté.
F : Le but c’est d’insérer au moins un élément local, de représenter une scène régionale, de Lyon, Clermont ou Saint-Etienne par exemple.
A : luxxury problems c’est un peu notre headliner et une découverte, c’est de l’ambient, sur le label SPA Recordings, centré sur la deconstructed club music. Ça va de la trap à la bass music, en passant par l’EBM, la noise ou l’ambient. On aime bien l’idée de lives pas typés club.
ANI DJ x Lil Morris c’est de la bass music et de l’expérimental aussi, en back-to-back. Il y a donc deux organisateurs (ndlr : Antoine et Pierre) qui jouent dans la soirée, ça participe aussi au décloisonnement.
P : On avait envie de jouer ensemble et de se faire plaisir aussi.

Comment fonctionne le collectif ?

F : On essaie d’équilibrer les rôles de chacun·e. Je m’occupe plutôt de la comm’ textuelle.
Pour la programmation on vise l’équilibre, avec des votes. On tâche de se répartir le travail de façon équitable.
A : Chacun·e s’est chargé·e de booker une partie des artistes par exemple.
C : Je suis en charge des visuels, Pierre et Antoine des aspects plus techniques.
A : Et chacun a carte blanche dans son domaine.
P : Ce qui est important c’est chacun puisse présenter son travail à travers le projet commun.
C : Enfin, on vote et on discute de manière collégiale.

Il y a déjà une prochaine date de prévue ?

F : Le 17 avril !

Vendredi 14 février aux Halles du Faubourg
20h — 05h
Adhésion de 4€ pour l’année civile en cours // Gratuit pour les adhérents avant 00h00
5€ après 00h00

logo et affiche : Clara Martin (ig : nitramtram)

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