[FR] Project Ommi : Le futur du cinéma du Bangladesh

Situé dans le futur proche de Dhaka, au Bangladesh, où la montée des eaux et l’avènement de la robotique ont provoqué l’exil de la population, le thriller futuriste PROJECT OMMI raconte l’histoire de deux ingénieurs : un hacker et une artiste numérique s’alliant pour créer Ommi, une intelligence artificielle à l’apparence d’un petit garçon. Son objectif est de sauver les enfants du trafic humain et de mettre un terme aux agissements des cyber-criminels.                  Tandis que leur simulation gagne en réalisme, ils s’y attachent comme à leur propre enfant. Ils sont alors confrontés à un dilemme moral : pourront-ils envoyer Ommi dans le Darknet ?

Project Ommi est un nouveau thriller de science-fiction actuellement en pleine campagne Kickstarter. J’ai eu la chance de parler avec Amit Ashraf, le réalisateur, à propos du premier film cyberpunk du Bangladesh.

Peux-tu nous parler un peu de toi et de tes travaux précédents ?

Je m’appelle Amit Ashraf, je suis né aux Etats-Unis mais j’ai passé tous mes étés au Bangladesh. Je suis allé à l’université de New York, j’y ai étudié la réalisation, l’écriture de scénario et l’animation. Après l’obtention du diplôme, j’ai réalisé mon premier long-métrage au Bangladesh, Udhao (Fugitif). Il raconte l’histoire d’un chasseur de prime qui capture un père/mari fugitif. Udhao a été diffusé dans 25 festivals et a remporté 7 récompenses. Je suis resté au Bangladesh les 6 années suivantes, travaillant sur divers projets, notamment une web-série à propos d’une super-héroïne nommée Kali. Project Ommi sera mon second long-métrage et entrera en production début 2019.

L’industrie cinématographique du Bangladesh est bien connue pour un genre : le mélodrame, incarné par l’industrie de Dhallywood, un modèle similaire à Bollywood. Par conséquent, Project Ommi offre quelque chose d’unique. Selon toi, quelle importance aura ce film dans l’industrie cinématographique du pays ? Penses-tu qu’il aura un succès international ?

Les gens veulent quelque chose d’inédit, notamment les fans de science-fiction et surtout le jeune public. Ils sont tous habitués à Hollywood, aux séries Netflix… Désormais, ils souhaitent voir une esthétique plus crue, plus authentique. Project Ommi apportera une vague de fraîcheur plus que bienvenue et prétendra à un public plus large, voire mondial.

Une partie du film est située dans la ville de Dhaka mais la majorité est tournée dans un immense cimetière de bateaux sur la côte. Un endroit pour le moins mystique, idéal pour une fiction futuriste (d’une certaine manière, il rappelle Mad Max: Fury Road). De quelle manière ce lieu t’a-t-il inspiré ?

Ce lieu convenait à l’esthétique du genre cyberpunk, mais il s’accorde aussi à l’histoire et aux métaphores. La vie émerge de ce cimetière. Le héros du film, Ravi, est un hacker en cavale, donc un lieu transitoire comme un bateau, pouvant flotter ou couler, est parfait pour son histoire. Quelque chose à propos de cet endroit convenait, tout simplement. C’est à la fois un lieu étrange et magnifique. Les épaves à proximité de la ville (à Chittagong) sont très similaires à celles de Dhaka et ont été une source d’inspiration pour l’esthétique de Blade Runner 2049.

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Tu as dit que tu voulais créer une nouvelle esthétique fondée sur les codes de la science-fiction doublés de l’environnement et des techniques du Bangladesh, dans le but d’amener un nouveau courant générique au sein du cinéma national. Peux-tu nous en dire plus sur tes intentions ?

Nous sommes habitués à voir l’Occident ou le Japon projetés dans le futur, mais jamais vraiment le Bangladesh ou l’Inde. Il y aura des réminiscences esthétiques des films cyberpunk, parce qu’il y a quelque chose d’universel à propos de ce style. Mais sur plusieurs niveaux, le monde sera ré-imaginé avec le « charme local »: à quoi ressembleront les mosquées ? Les pousse-pousse et les robes Shari ? Au-delà de la rouille des épaves, je veux imaginer des zones brillantes, lumineuses, se rapprochant du style néon, dans la ville de Dhaka. En prenant du recul et en considérant le développement de la capitale du Bangladesh, Project Ommi interroge la manière dont on façonnera le futur de la cité.

Tourner un film implique des responsabilités envers le sujet et le lieu de tournage. Dans le cas présent, ton équipe semble concernée par la situation du Bangladesh, notamment à propos du changement climatique, de la pénurie d’eau potable, des conditions de travail dans le cimetière naval et des agissements des cybercriminels… Si la narration du film prend en compte ces situations (« l’hydro-filtre » est une invention de fiction permettant de purifier l’eau non-potable), est-ce que ton équipe initie d’autres démarches pour changer les choses dans le pays ?

Oui, avec le film, on souhaite sensibiliser les gens à ces problèmes, principalement celui de l’exploitation des enfants à l’ère du numérique et notre relation à la technologie. Il y a quelques années, j’ai vu une campagne à succès visant à dévoiler au grand jour les criminels agissant dans le Darknet. Cela a inspiré Project Ommi. Cette campagne virtuelle était  gérée par Terre des hommes, une association internationale d’aide à l’enfance. La campagne avait conçu Sweetie, un enfant numérique en 3D, conçu pour appâter les cyber-criminels. Notre film transpose cette idée dans le futur, où un petit garçon numérique est créé pour vivre dans le net et combattre les criminels virtuels. D’ailleurs, Terre des hommes supporte le film.

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Globalement, la position de Project Ommi est très enthousiaste à propos de la technologie et du progrès scientifique. Cependant, beaucoup de films de science-fiction fondent leur narration sur les dangers et les dérives de la technologie (Moon, District Nine, Her, ou plus récemment, la série Black Mirror). Comment expliques-tu cet engouement général pour la technologie dans ton film ? Penses-tu que la technologie et plus précisément l’intelligence artificielle peuvent se montrer dangereuses ?

L’idée fondamentale ici, c’est de considérer l’intelligence artificielle comme un enfant. Tu peux donner une mauvaise éducation à un enfant et le rendre diabolique, ou lui offrir de l’amour pour qu’il devienne bon. Concernant l’intelligence artificielle, il est avant tout question de la manière dont on s’en sert. Project Ommi prend le concept d’intelligence artificielle et dit : ce n’est pas l’intelligence des ordinateurs qui menace les humains, c’est la façon que l’on choisit de s’en servir qui compte. Le film supporte le discours du #tech4good, la technologie peut améliorer nos vies.

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Est-ce qu’il y a autre chose dont tu aimerais parler à propos du film ? Où en est le projet ? Quelle est l’étape suivante ? 

On a tourné une partie du film et on est impatients de filmer les scènes principales en début d’année 2019. Actuellement, on lance une campagne de financement sur Kickstarter pour collecter environ 27,700 euros consacrés aux effets spéciaux du prochain tournage. On aimerait que tous les gens qui croient à ce projet s’investissent. En échange de votre implication, vous pourrez obtenir des produits dérivés exclusifs et pré-commander une copie du film ! Il ne reste qu’une qu’une semaine avant la fin de notre campagne, que vous pouvez trouver ici: http://bit.ly/ProjectOmmi

 

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